Chers membres,
On entend dire qu’une augmentation de salaire de 1 % des 420 000 travailleurs du réseau coûte la « somme astronomique » de 600 millions de dollars au gouvernement, et que les demandes du Front commun vont « au-delà de la capacité de payer des québécois ».
Voyons voir.
D’abord, le fameux 600 millions est contestable. Car ceux qui arrivent à ce chiffre ne tiennent pas uniquement compte du salaire, mais de sa projection sur la retraite que vous prendrez dans 5, 10 ou 20 ans. Il ne s’agit donc pas de 600 millions sortis d’un coup des coffres de l’État, mais d’un montant étalé sur plus d’une décennie.
De plus, en ne vous disant pas que le PIB du Québec s’élève à 427,7 milliards de dollars pour l’année 2023, on vous cache une partie importante de l’équation. Car 600 millions sur 427,7 milliards ça fait 0,001 et quelques poussières. Moins impressionnant, n’est-ce pas ?
Allons plus loin et supposons que nos augmentations finissent par totaliser 15 %. Quinze fois 600 millions font 9 milliards, et 9 milliards sur 427,7 milliards ne font tout de même que 0,02.
Mais il y a plus, car ceux qui parlent des gros montants qui sortent des coffres de l’État passent souvent sous silence les montants qui y retournent sous forme de taxes et d’impôts.
En supposant 30 % d’impôt et de retenues à la source, on peut avancer que sur les 9 milliards de dollars qui vont sortir des coffres de l’État pour rentrer dans nos poches, il y en a 2,7 qui vont sortir de nos poches pour retourner dans les coffres de l’État. (Si vous oubliez l’impôt, sachez que l’impôt ne vous oubliera pas !)
Voyons maintenant les taxes. En supposant que les salariés de l’État québécois vont épargner de 5 % de leurs revenus et dépenser le reste, on peut avancer que les salariés vont dépenser environ 6 milliards de dollars sur les 6,3 milliards de dollars qui vont leur rester après impôt.
Considérant que sur chaque dollar dépensé le gouvernement perçoit environ 10 % de taxe, nos dépenses, en plus de contribuer à faire tourner l’économie, feront retourner 600 millions de dollars de plus dans les coffres de l’État.
Neuf milliards qui sortent des coffres de l’État pour payer adéquatement ses employés, moins 2,7 milliards qui y retournent sous forme d’impôt et de retenues à la source, moins 600 millions de dollars qui y retournent sous forme de taxes font 5,7 milliards. Et 5,7 milliards de dollars en salaire sur les 427,7 milliards du PIB, ça fait 0,01 et des poussières.
Qu’on se rassure, nos demandes sont raisonnables et l’État a largement de quoi payer !